Centre COVID-19 : une aventure humaine avant tout

Le centre ambulatoire dédié au COVID-19 a ouvert ses portes le 1er avril. Objectif : désengorger les cabinets de ville et les urgences hospitalières, potentiels lieux de contamination. Depuis deux mois, bénévoles et professionnels font tourner la structure.


Des semaines qu’ils sont dans les starting-blocks et ne comptent pas les heures passées au sein du gymnase René ROUSSEAU. L’équipe du centre ambulatoire consacré au COVID-19 est sur le qui-vive depuis le 23 mars. C’est à cette date que le Dr Patrick NGUYEN, un des trois praticiens du cabinet du 6 Avenue de Villeneuve-Saint-Georges, a sollicité la collaboration des services municipaux pour créer un site d’accueil des patients susceptibles d’avoir le COVID.
La Ville met à disposition le gymnase municipal, tandis que le personnel communal volontaire apporte sa pierre à l’édifice. Le Dr Soline TAN, médecin remplaçant du cabinet, prend le relais et se charge de mener à bien le projet. Très vite, l’équipe s’étoffe dans le centre ouvert sept jours sur sept durant le premier mois. Steven RAINIER (coiffeur), Benjamin PAINBLANC (assistant de formation), Élise FISCHER (médecin chez M.S.F.), Sandra SAINTE-ROSE (infirmière), Noham et Dove SETTBON (étudiants) en constituent le noyau dur. S’ajoutent 22 infirmiers vacataires et 35 médecins, qui se relaient pendant leur temps libre.
La période est critique : en pleine crise sanitaire, difficile de trouver le matériel essentiel à la sécurité de chacun. L’ensemble des bénévoles met les bouchées doubles. Noham et Dove, les deux frères qui gèrent la communication du centre, lancent un appel aux dons et une cagnotte Leetchi. « Il était important pour nous d’aider et de soulager nos médecins, quand on voit leur degré d’implication », confient les deux frères. La générosité des Choisyens opère, la solidarité fonctionne et les dons affluent : plus de 7 000 euros sont récoltés en quelques jours.
Délais tenus : le 1er avril, le centre accueille les premiers patients. À l’entrée, le personnel communal, équipé de protections, fournit masques et solution hydroalcoolique aux arrivants, avant de les orienter. « On a souvent tendance à les oublier, mais les agents de la Ville font un énorme travail, tant au point de vue de l’accueil que du nettoyage quotidien des locaux », rappelle Steven.

Un processus bien rodé
À l’intérieur du gymnase, un alignement de grandes tentes bleues et un protocole strict. Des infirmiers réalisent les premiers examens puis les patients sont envoyés vers le box du médecin qui, après auscultation, fait passer les tests par écouvillon nasal. Ceux dont le test est positif sont rappelés et informés du résultat. La plupart bénéficieront d’un suivi à domicile. Les malades dont le cas est plus grave – ils sont rares – sont transportés à l’hôpital. « Au plus fort de la crise, nous accueillions jusqu’à 30 personnes par jour », expliquent les bénévoles.
Depuis le 11 mai et la politique élargie de dépistage, une enquête de proximité est réalisée afin d’identifier les cas contacts et vérifier si le confinement à domicile est possible. La partie administrative est très importante : rapport d’activité hebdomadaire, suivi des patients restés à domicile... « Avec les autres bénévoles, nous sommes là pour soulager administrativement nos médecins. Nous avons passé deux mois ensemble, quasiment 7 jours sur 7. Cela crée des liens forts. Aujourd’hui, nous sommes presque une famille », sourit Steven, qui ignore jusqu’à quand le centre sera en activité. De son côté, le Dr TAN lâche en souriant : « Je pense que lorsque tout cela s’arrêtera, je verserai quelques larmes ».

➕ PLUS D'INFOS :
Les prises de rendez-vous pour les personnes symptomatiques se font uniquement par le 15 ou le médecin traitant. Pour les tests uniquement, prendre rendez-vous auprès du secrétariat des laboratoires de ville.
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Sabrina B., « Centre COVID-19 : une aventure humaine avant tout », Choisy Infos (magazine municipal d'informations locales de la ville de Choisy-le-Roi), n° 243, avril-mai-juin 2020.


PAROLE DE...
SANDRA SAINTE-ROSE
Infirmière libérale et bénévole au centre ambulatoire
« Avec mes collègues du cabinet médical des Gondoles Sud, je me suis lancée dans l’aventure dès le 23 mars. Je m’occupe de la partie coordination et gestion des plannings, mais aussi de la gestion du matériel. Je passe quotidiennement au centre après ma tournée auprès de mes patients habituels, souvent âgés, et pour qui je suis parfois la seule visite de la journée.
Je prends bien évidemment toutes les précautions de rigueur. Cette aventure humaine exceptionnelle m’a permis de faire de belles rencontres et d’assister à un formidable élan de solidarité. Avec l’équipe, nous sommes très soudés et bienveillants les uns envers les autres. Nous nous sommes promis de rester en contact et réfléchissons déjà à l’après-COVID avec différents « projets santé » sur la ville. »

TROIS QUESTIONS À...
SOLINE TAN
Médecin remplaçant au cabinet médical du 6 Avenue de Villeneuve-Saint-Georges
Choisy-Infos : Comment avez-vous vécu les deux derniers mois ?
Soline TAN : Lorsque j’ai pris en main le projet, c’est-à-dire autour du 23 mars, nous étions en pleine vague. Ça a été une course contre la montre, car tout était à faire. Il a fallu se mettre en lien avec la C.P.A.M., puis l’A.R.S. (Agence régionale de santé), recruter des soignants, infirmiers et médecins, trouver du matériel de protection et des financements. À ce moment-là, tout le matériel nécessaire – masques, surblouses, surchaussures… – était en rupture de stock. Jusqu’à la veille de l’ouverture nous n’avions pas assez d’équipements. Les premières semaines, nous passions énormément de temps sur place, je voyais très peu ma famille. Heureusement, grâce à la solidarité de l’équipe, nous avons pu mener le projet à bien et aujourd’hui le nombre quotidien de patients est en baisse. Je tiens à préciser que sans le soutien et l'implication de la Ville, ce centre n'aurait pas vu le jour.

Choisy-Infos : Avez-vous eu des craintes particulières ?
S. T. : Il y a bien sûr la crainte d’une seconde vague, mais cela reste imprévisible. Le délai d’incubation pouvant varier de 2 à 15 jours, il nous faut attendre un peu, mais si cela arrive, il nous faudra être prêt. De notre côté, nous tentons de faire prendre conscience à nos patients de l’importance du port du masque et des mesures de prévention pour éviter une propagation de l’épidémie.

Choisy-Infos : Vous avez entamé une campagne d’information à destination des enseignants et de sensibilisation à l’attention des élèves les plus jeunes, pouvez-vous nous en dire plus ?
S. T. : Quelques jours avant le 11 mai, nous nous sommes réunis par visioconférence avec les directeurs d’école de la ville. Il s’agissait de faire un point sur ce qui se disait dans les médias et de répondre aux questionnements du personnel de l’Éducation nationale. Le protocole pour les établissements scolaires est très contraignant et nous voulions leur apporter un peu de visibilité. L’équipe a eu l’idée de créer une plaquette à destination des plus petits, reprenant les gestes barrières. Nous avons pu faire appel au talent de Dove et de Noham pour les illustrations.

PROPOS RECUEILLIS PAR S. B.

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