Désertification médicale : la lutte commence à payer dans le Val-de-Marne

Les mesures pour favoriser l'installation de professionnels de santé portent leurs fruits. Elles sont d'autant plus nécessaires que le département a perdu 200 généralistes en dix ans

Villejuif, ce jeudi. Colinne Patrice, généraliste, Adrien Cagnard, kinésithérapeute et Pascaline Mourey, généraliste, font partie des porteurs de projets de la future maison de santé située au 62, avenue de Paris. LP/Laure Parny

Par Laure Parny 

Le 7 mars 2021 à 18h17, modifié le 7 mars 2021 à 19h24

Pourra-t-on encore trouver un médecin pour consulter rapidement d'ici quelques années dans le Val-de-Marne ? Face aux très nombreux départs à la retraite à venir et à la désertification médicale déjà bien engagée, les initiatives se multiplient. Attirer à tout prix de jeunes praticiens et les aider à s'installer est devenu un objectif incontournable, partagé par les villes, le Département et la région. Rien d'étonnant : le Val-de-Marne a perdu 200 médecins ou encore 37 dermatologues en dix ans. Et la moyenne d'âge des médecins libéraux dépasse les 55 ans.

Trois ans après un bilan local alarmant, la première CPTS (communauté professionnelle territoriale de santé) du département vient de se créer à Champigny et compte 71 membres. Un moyen parmi d'autres d'améliorer l'accès aux soins alors que l'Ile-de-France ne parvient plus à attirer les professionnels et qu'un médecin sur deux a plus de 60 ans.

Depuis l'accord entre l'Agence régionale de santé (ARS) et l'Union régionale des professionnels de santé (URPS), voilà trois ans, la situation s'améliore doucement. « La solution ne vient pas d'un seul coup, mais les initiatives qui se multiplient rendent le département plus attractif, souffle Eric Gibert, nouveau secrétaire général de l'Ordre des médecins du Val-de-Marne. Les maisons de santé évitent l'isolement et permettent de garder du temps pour sa famille, les aides financières compensent les loyers coûteux. Reste l'excès de paperasserie et les besoins de sécurité sur lesquels il faut encore travailler. »

Désertification médicale : la lutte commence à payer dans le Val-de-Marne

L'accompagnement au cœur du dispositif. L'URPS propose des aides aux médecins en quête d'installation. 113 professionnels de santé ont été reçus en huit ans dans les permanences locales d'aides à l'installation dédiées au Val-de-Marne. « Les jeunes, quand on les accompagne vraiment et malgré le coût de l'immobilier très élevé en Val-de-Marne, ils y vont, ils ont envie et sont heureux d'ouvrir leur structure », encourage David Bresson, chargé de l'aide à l'installation pour l'UPRS. La structure accompagne les jeunes médecins et les met en relation les uns avec les autres pour qu'ils créent des cabinets. Elle suit 200 projets rien que sur quatre départements franciliens. « Ils trouvent chez nous une aide pour les questions immobilières, les relations avec les banques, les demandes de subventions, une liste d'architectes, les aides pour l'achat de matériel », insiste David Bresson.

Des aides financières et logistiques importantes. Quand ils savent frapper aux bonnes portes, les médecins candidats à la reprise ou à la création d'un cabinet médical peuvent obtenir des moyens conséquents de l'ARS et de la région. Par exemple 280 000 € pour un pôle femmes enfants de 150 m2 à Saint-Maur. Soit environ un tiers de l'investissement total. « Sans cette aide, on ne se serait pas installé à Saint-Maur où l'immobilier est cher », précise Jessy Rodriguez, kinésithérapeute et cofondatrice de la structure. L'aide financière a aussi permis l'acquisition d'un appareil d'échographie et d'un autre pour la rééducation du périnée.

Des maisons médicales apparaissent. Depuis 2018, 15 structures, comme à Cachan, Fontenay ou Maisons-Alfort ont déjà été créées, après avoir bénéficié d'aides immobilières comprises entre 72 000 et 250 000 euros. Exemple à Ivry, où quatorze professionnels ont emménagé en janvier 2020 dans un immense cabinet partagé, dans le quartier Monmousseau. Aboutissement d'un véritable parcours du combattant, c'est une réponse à un million d'euros qu'apportent Que-Anh Nguyen et Solène Péron au désert médical dont souffre la ville.

Huit autres cabinets médicaux de groupe sont en cours de création à Alfortville, Champigny ou encore Saint-Maur et toucheront tous entre 200 000 et 250 000€ d'aide pour l'achat de locaux.

À Villejuif, six praticiens se lancent

Debout devant le chantier déjà bien avancé, ils rêvent à l'accueil de leur premier patient dans ces murs, aux réunions de groupe entre professionnels de santé, aux échanges de procédés entre praticiens et à l'accueil d'internes pour leur donner envie de pratiquer la médecine générale. La future maison médicale en travaux au 62, avenue de Paris, à Villejuif, est autant attendue par les professionnels qui préparent ce projet depuis trois ans que par les patients dans une ville qui manque cruellement de médecins.

Après un revers au Kremlin-Bicêtre, six praticiens ont décidé d'acquérir ce local de 374 m2. « L'ouverture est prévue début 2022 avec huit salles de consultation, un plateau technique pour les kinés et même une salle pour les réunions et formations », se réjouit Pascaline Mourey, porteuse du projet.

Une installation dont la nécessité à Villejuif ne fait aucun doute. Le nombre de généralistes y est tombé à 5,1 pour 10 000 habitants, alors que la moyenne en France est de 8,8 et en Ile-de-France de 7,2. En dix ans, le nombre de généralistes à Villejuif est tombé de 42 à 28 seulement.

Adrien Cagnard, kinésithérapeute ou encore Colinne Patrice, généraliste font partie de cette « belle équipe de trentenaires motivés » et qui devraient rester, « notamment grâce à leur lien avec l'hôpital universitaire du Kremlin-Bicêtre et aux réunions de staffs organisées entre praticiens » se réjouit David Bresson, accompagnateur au nom de l'URPS (Union régionale des professionnels de santé). Le projet a obtenu 250 000 € de l'Agence régionale de santé et 250 000 € de la région. L'URPS a accompagné le projet depuis le départ. « C'est essentiel parce que les démarches sont nombreuses », confirment les professionnels.

La maison médicale devrait accueillir quatre généralistes, des infirmiers, trois kinés, une diabétologue, une gynéco, une sage-femme ou encore un pédiatre. « On sait qu'on n'aura pas de mal à trouver des patients, les besoins sont là », insiste Colinne Patrice. « Nous recherchons le travail d'équipe et voulons favoriser les parcours de soins des patients », résume Adrien Cagnard. Un partage de la charge de travail aussi, qui est, pour eux, « la médecine de demain ».

Source : Le Parisien : cliquez-ici pour lire l'article !

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